
Mohammad Tarek Aldahh – Connu sous le nom d’Abu Kamal : Une nouvelle génération qui préserve l’héritage de Damas
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Raconté par Yazan Krayem – Fondateur de Damascus Box
Au cœur de Damas, entre le tumulte de la ville et le rythme du quotidien, une nouvelle génération œuvre en silence pour préserver un art ancestral. Parmi eux se distingue Mohammad Tarek Aldahh, surnommé Abu Kamal, un jeune artisan dont les mains se déplacent avec la précision et l’âme d’un maître bien plus âgé que lui.
Né en 1991 à Al Shaghour, l’un des plus anciens quartiers de Damas, Abu Kamal a grandi entre le parfum du bois et l’éclat de la nacre. Aujourd’hui, dans un petit atelier caché derrière les marchés animés de la vieille ville, il perpétue l’histoire de la mosaïque damascène — non comme un souvenir du passé, mais comme une expression vivante de l’identité, de la patience et de la beauté.
« J’ai commencé très jeune. J’ai senti que cet art faisait partie de moi. Chaque pièce que nous créons raconte l’histoire de Damas — elle porte une part de notre esprit et partage notre beauté avec le monde. »
L’art de la géométrie et de la beauté
Abu Kamal décrit son processus comme une composition harmonieuse : il commence par assembler de petites étoiles géométriques, les colle sur le bois, puis les polit, les tapisse et les finit entièrement à la main.
Chaque étape demande patience et précision, et chaque œuvre terminée reflète la fierté silencieuse de son créateur.
Il sourit en levant une pièce vers la lumière :
« Tout est naturel — le bois, les couleurs, la nacre. Nous la construisons morceau par morceau, de nos mains, jusqu’à ce qu’elle devienne une véritable création damascène. »
Du citronnier à l’eucalyptus, en passant par l’olivier, le hêtre et le noyer — chaque matériau provient des richesses naturelles de la Syrie. Même les finitions — le velours rouge profond et le polissage traditionnel bardakha — apportent une chaleur qu’aucune machine moderne ne peut reproduire.
Entre tradition et renouveau
Bien qu’encore jeune, Abu Kamal parle avec la sérénité et la sagesse d’un maître expérimenté. Pour lui, cet art n’est pas seulement une passion — c’est une identité, une responsabilité et une dévotion.
« Cet art est menacé, mais tant qu’il y aura des gens qui aiment leur patrimoine, il ne disparaîtra pas. Il peut changer, mais son esprit demeurera. »
Formé par Elias Shamoun, l’un des maîtres mosaïstes les plus respectés de Damas, il se voit comme un maillon d’une longue chaîne d’artisans qui ont transmis cet art de génération en génération.
La géométrie damascène – Une signature inimitable
Dans les créations d’Abu Kamal, la géométrie devient une philosophie de la beauté. Chaque motif — hexagonal, circulaire ou ovale — suit l’harmonie intemporelle de l’art damascène, transmis à travers les siècles et réinventé à travers son propre style.
« Quiconque voit une véritable pièce de mosaïque sait immédiatement qu’elle vient de Damas. Elle ne peut être imitée — elle porte l’âme de la ville. »
Chaque petite étoile et chaque ligne de bois colorée racontent l’histoire d’une ville éternelle et d’un artisan qui met son âme dans chaque détail.
Une génération qui porte la flamme
Pour Abu Kamal, l’artisanat n’est pas seulement la préservation du passé, mais la construction de l’avenir. Il enseigne son savoir-faire à ses frères et amis et rêve de le transmettre un jour à ses enfants.
« Plus tu lui donnes de temps et d’effort, plus elle te rend de fierté. Cet art demande de la patience, mais il te redonne une part de ton âme. »
Un héritage vivant
Mohammad Tarek Aldahh (Abu Kamal) incarne une nouvelle génération d’artisans damascènes — jeunes, passionnés, profondément enracinés dans la tradition et animés d’une énergie créative qui maintient cet art vivant.
Écrit par Yazan Krayem
Chez Damascus Box, nous sommes fiers de soutenir les jeunes artisans syriens et l’héritage de l’art damascène — en œuvrant pour préserver cet art ancien, pièce par pièce, pour les générations à venir.